le livre, le libraire...
J'aime les livres; non le livre. J'aime tout dans le livre. Son parfum corporel. La fragrance de ses pages. Le bruit, léger,subtil, délicat, noble, qui retentit, non surtout pas, qui affleure, lorsqu'on tourne une page. J'aime l'idée de posséder, ou plus exactement - car on ne possède pas le livre - d'avoir en ma possession le livre. J'aime toucher le livre, le humer, penser que je vais m'en délecter, ou pas d'ailleurs. Car en bon aficionado, plus encore que le plaisir de la lecture, la perspective de me procurer le livre constitue la plus haute des voluptés. J'aime me ballader avec le livre, l'avoir en permanence avec moi, me sentir par lui protégé, par lui surveillé, par lui scruté. J'aime commencer la lecture. J'aime les écrivains, même les mauvais, parce qu'ils écrivent le livre. J'aime achever la lecture. J'aime la recommencer. J'aime prêter le livre. J'aime qu'il me revienne. J'aime l'idée des retrouvailles, de ces retrouvailles: comment va t-il? A t-il été bien traité? A t-il été respecté? A t'il été admiré? A t-il été aimé? L' on devrait d'ailleurs prévoir, dans les programmes scolaires, un apprentissage, sinon de l'amour du livre, du moins de son respect, de sa considération.
Alors si je ne finis pas maquisard, pas journaliste, pas révolutionnaire, pas "politique", pas plombier - camerounais! et non polonais... - pas fleuriste, pas écrivain, pas, pas, alors puissé-je devenir libraire.