Music & Me - Part 2
J'en viens donc au choix de l'instrument qui allait m'initier à l'art de manier les sonorités de telle manière que leur enchaînement soit agréable à l'oreille et plus globalement aux sens.
Le fait est que lorsque fut arrivé le jour de cette fameuse élection, l'élève que j'étais ne s'était pas préparée, si bien qu'elle n'avait pour ainsi dire aucune préférence particulière pour tel instrument ou tel autre. Tous lui semblaient être les mêmes: soit tu souffles, soit tu pianotes, soit tu grinces, à peu de choses près. Du moment que ça pouvait sortir des sons, et qu'avec je pouvais jouer "Vive le vent", cela suffisait.
Je pris donc le parti de jouer du même instrument que ma camarade de solfège Emilie Kampi. Celle-ci eut plus de chance que moi, puisque dès le début, elle avait intégré l'académie de musique pour jouer d'un instrument très cher à l'époque aux coeurs des petites filles de son âge en général: la flûte traversière.
Bref, en deux temps trois mouvements, je me suis retrouvée à faire endurer à ma mère un calvaire deux fois plus long qu'à l'ordinaire, puisqu'aux cours de solfège venaient s'ajouter ceux de flûte. Tout cela sans conviction aucune. Ironie.
Néanmoins, mon cas n'était pas désespéré, car loin de m'ennuyer lors de ces cours, c'est avec assiduité et même aisance que j'exécutais les morceaux proposés par mon professeur. D'années en années, je me rendais compte du pouvoir que cela conférait d'interpréter soi-même une mélodie, et parfois même une oeuvre. Même du haut de mes 10-12 ans, avec caractère, je portais ma flûte, et avais le plaisir de faire vivre quelques maigres passages des "4 saisons" ou encore d' "Ode à la joie". Les années se succédaient, les diplômes de fin d'année commençaient à former un bon petit tas sur l'étagère de ma chambre. Si bien que vers l'âge de 13 ans, je fus admise à rejoindre l'orchestre de jeunes musiciens de l'académie appelé le Marching Band.
Là, je suis obligée de préciser certaines choses quant au cadre dans lequel socialement je vivais. En effet, l'académie de musique dans laquelle j'évoluais se situe dans une petite bourgade de l'extrême nord de la France, où pour tout compatriote de bourgade tu n'as pour ainsi dire que des "beauf". Je veux par là dire, que chaque semaine, lorsque je me rendais à mes cours de solfège et de flûte traversière, l'occasion m'était également donnée, pour rythmer avec la cacophonie des sons que nous scandions, afin de perturber les mélodies interprétées à la flûte -et c'est sans doute ce qui déterminera la suite de mon aventure dans cette académie-, l'occasion m'étais donc donnée d'entendre ces espèces de bruits que les gens font au détour d'une phrase, et qu'elles sont fières de caractériser comme faisant la fierté de l'accent du Grand Nord. Pour mieux vous représenter ces bruits, il faut vous imaginer une horde d'éléphants qui barrit ou parfois ces sortes d'éructations que les enfants de 8 ans s'amusent à faire dans les cours de récréation. L'accent que mes camarades du Marching Band employaient était si grotesque, vulgaire, si... ignominieusement guttural, que socialement mon intégration dans ce groupe fut limitée; j'avais bien trop peur, bien que d'emblée aux vues de mon dégoût ça ne pouvait pas être possible, de me faire contaminer.
Cet intermède fait, je peux heureusement reconnaître que, strictement musicalement parlant, mon expérience au sein du Marching Band fut fort satisfaisante. Je connus la joie de faire partie d'un orchestre, à forte réputation de surcroît (du moins à son niveau) et dont les concerts ravissaient les habitants de ma bourgade et de ses alentours. J'avais l'occasion de me faire plaisir avec des musiques très contemporaines, à l'instar de génériques de séries télévisées tels que "Mission Impossible" ou même "Beverl Hills". Ce fut sans aucun doute une étape de plus dans mes découverte et rapport avec cet art.
La suite dans "Music & Me - Part 3"