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16 septembre 2005

Question existentielle

Un soir, alors que je m'apprêtais à aller me coucher, une question existentielle vint toquer à la porte de ce qui me sert de cerveau. Malgré ma fatigue, cette tête de mule de cervelle a insisté pour qu'on la fasse entrer. Il faut toujours qu'elle me cherche, celle-là. Je ne comprends pas, c'est toujours au mauvais moment qu'elle décide de me déranger. Je ne sais jamais quand cette carverneuse se repose, pour la simple et bonne raison que, soit elle ne se repose pas, soit quand elle daigne se ménager quelques heures, je suis moi-même endormie.

Bref, je finis par céder et priai notre nouvelle invitée de se donner la peine d'entrer. A première vue, la question existentielle m'apparut bien jeune pour fréquenter ce genre d'endroit aussi tardivement, et très vite je me demandai ce qui pouvait bien amener une si innocente enfant dans ce labyrinthe métaphysique. N'oubliant pas les quelques règles de politesse d'usage, elle ne perdit pas de temps et déclara d'une voix chétive: "J'aimerais savoir, [question existentielle X]? ".

Je bougonnai encore de mes echauffourées avec la cervelle, mais à l'entente de la voix douce et curieuse de notre demoiselle inconnue, mes derniers caprices s'estompèrent. C'était une question pour le moins étrange. Jamais la cervelle et moi n'avions rencontré un tel spécimen. Si bien que dans l'instant qui suivit, ce fut difficile de savoir par quelles hypothèses nous allions commencer de résoudre le problème. La cervelle, cette impertinente, était déjà toute gigotante à l'idée d'avoir de nouveau une petite distraction. Toute poilue qu'elle était, elle montrait fière son menton mal rasé car elle devinait que je ne pouvais plus me défiler; j'étais attendrie par la question, il se faisait tard, et je ne pouvais pas la renvoyer chez elle sans l'avoir résolue. La cervelle avait encore marqué un point. Elle ne perdait rien pour attendre, tôt ou tard, j'allais bien trouver un moyen de me débarrasser d'elle. Cela faisait maintenant des années que je me la coltinais, que je subissais matin et soir ses ricanements monstrueux, ses rictus mesquins et répugnants. Il fallait que cela cesse.

Mais je commençais de nouveau à me distraire et notre question s'impatientait de ne pas voir arriver la pénible réponse. Il est vrai que l'interrogation posée mettait en relief bien des paradoxes qu'il m'était difficile de lever. Comme je m'y attendais, plutôt que l'on s'unisse pour trouver ensemble la solution, l'autre mal boutonnée préféra faire lobe à part. Tandis que mes synapses prenaient de l'âge et commençaient à rouiller, les siennes conservaient encore toute leur vigueur et ses neurotransmetteurs n'avaient jamais été aussi rapides. Elle en était consciente et ne manquait pas une occasion de se rire de moi dès qu'une problématique se présentait. Malgré mes sollicitations, mes neurones restaient inactifs, et la fatigue ne faisait que monter... monter... (Ronflements)

Le lendemain matin, en me réveillant, la question existentielle avait disparu et la première image qu'il m'était donné de contempler fut la caverneuse qui laissa échapper un ricanement sournois encore plus maléfique qu'à l'accoutumée. Ses boutons étaient dressés droit devant moi et ses lèvres baveuses dessinaient un rictus des plus ignobles. Elle était parvenue à résoudre la question et jamais elle n'allait me faire part de son raisonnement.
Aujourd'hui, c'est sûr, je vais encore passer une mauvaise journée, à espérer vainement qu'il n'y ait plus de question existentielle qui sonne à ma porte, à supplier que l'on m'accorde une retraite anticipée, à prier pour que l'autre sorcière de cervelle débarrasse le plancher et me laisse enfin prendre soin de mes vieux neurones.

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Commentaires
T
Coucou Barbudo, merci. Tant mieux si tu as aimé. Je vais essayer d'en faire d'autres. Mais je t'assure, ce n'est pas facile. Donc bon, on verra...
B
Heu... Au risque de paraître mesquin (mon Dieu tout mais pas ça !) ; je vais faire court.<br /> Etonnement court :<br /> <br /> Bravo ! Ce billet m'a bien fait marrer ! C'est joliment pensé et joliment dit... <br /> Que demander de plus... Sinon un autre !
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