Est-ce si simple?
La question de la torture semble réglée, au moins officiellement, dans les démocraties occidentales. Il est communément admis, en vertus des droits de l'homme, qu'elle est inacceptable. Personnellement, je suis, par principe, opposé à son usage. Le problème, précisément, est que je le suis essentiellement par principe, ce qui est insatisfaisant intellectuellement. En clair, j'éprouve beaucoup de difficultés à trouver des arguments autres que moraux à l'encontre de cette pratique. Celle-ci fait actuellement l'objet d'un vif débat aux States. Avoir à l'esprit les propos de Dick Cheney qui la cautionnait. Ses défenseurs, dont d'influents éditorialistes, disposent d'un argument en apparence simpliste; en apparence seulement: comment, sachant que certains terroristes avérés détiennent des informations qui pourraient sauver la vie de nombreux "innocents", s'abstenir de tout mettre en oeuvre - y compris évidemment la torture - pour les obtenir? Eternelle opposition entre le pragmatisme américain et les idéaux européens. Les idéaux, par définition nobles, doivent-ils automatiquement prévaloir sur le pragmatisme? Précisons toutefois au passage que les positions sont loin d'être figées. Les représentants des deux tendances se retrouvent indifféremment des deux côtés de l'Atlantique: ainsi le sénateur Mc Cain, torturé au vietnam, est fermement opposé à l'usage de la torture, faisant valoir que les informations extorquées sous la contrainte sont souvent douteuses...