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19 janvier 2006

Est-ce si simple?

La question de la torture semble réglée, au moins officiellement, dans les démocraties occidentales. Il est communément admis, en vertus des droits de l'homme, qu'elle est inacceptable. Personnellement, je suis, par principe, opposé à son usage. Le problème, précisément, est que je le suis essentiellement par principe, ce qui est insatisfaisant intellectuellement. En clair, j'éprouve beaucoup de difficultés à trouver des arguments autres que moraux à l'encontre de cette pratique. Celle-ci fait actuellement l'objet d'un vif débat aux States. Avoir à l'esprit les propos de Dick Cheney qui la cautionnait. Ses défenseurs, dont d'influents éditorialistes, disposent d'un argument en apparence simpliste; en apparence seulement: comment, sachant que certains terroristes avérés détiennent des informations qui pourraient sauver la vie de nombreux "innocents", s'abstenir de tout mettre en oeuvre - y compris évidemment la torture -  pour les obtenir? Eternelle opposition entre le pragmatisme américain et les idéaux européens. Les idéaux, par définition nobles, doivent-ils automatiquement prévaloir sur le pragmatisme? Précisons toutefois au passage que les positions sont loin d'être figées. Les représentants des deux tendances se retrouvent indifféremment des deux côtés de l'Atlantique: ainsi le sénateur Mc Cain, torturé au vietnam, est fermement opposé à l'usage de la torture, faisant valoir que les informations extorquées sous la contrainte sont souvent douteuses...

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Commentaires
B
C'est une question difficile, terrible même. mAis c'est une question à laquelle on est tous confrontés un jour ou l'autre. Il n'est pas besoin d'évoquer la torture pour cela. Comme tu l'as si bien précisé, ce n'est donc pas sur ce point que je te reprends, les lois existent et il faut les respecter. Ce n'est pas pour autant qu'on le fait. Il s'en trouvera un qui te trouvera une bonne raison pour justifier une entorse à la loi. ESt-ce pour autant qu'il ne faudra pas sévir. "Celle qui vole un pain parce que cela fait trois jours qu'elle n'a pas mangé, faut-il la punir ?". c'est dur mais il faut la punir. C'est là une opposition de principe. Certes, mais elle est là pour nous rappeler qu'une limite existe.<br /> Pour reprendre l'exemple de ton terroriste. Je ferai tout pour sauver ces vies qui sont menacées Cela, sans sombrer dans la barbarie au nom de ce principe, au nom de valeurs que je défends. Quelque soit les raisons que les Etats-Unis peuvent avancer, cela ne justifie en rien l'existence même de Guantanamo, par exemple. <br /> Tu sembles négliger la notion même de "principe". C'est comme si le "principe" appelait nécessairement dérogation. Le principe n'est pas là pour faire joli, que je sache! A la base de nombreuses lois qui organisent les sociétés, il y a des hommes qui ont cru à des principes (liberté ou encore égalité, les conventions de genève pour être plus précis). L'exception (l'entorse au principe), ne doit pas être érigée en règle.
M
Tu as vraiment l'impression que les conventions de Génève sont respectées? Le CICR - Communauté International de la Croix Rouge - s'alarme lors de chaque conflit à ce sujet. Ces conventions sont en permanence bafouées (tortures de prisonniers en Irak, humiliations de toutes sortes, Guantanamo...) Ceci ne remet pas en cause leur bien-fondé. Simplement, elles n'empêchent rien; ce qui est d'ailleurs au coeur de notre débat. Je suis évidemment d'accord pour le respect des terroristes. Ma question est la suivante: tu as la conviction que des terroristes captifs détiennent des informations qui à coup sûr peuvent sauver des milliers de vies humaines. Que fais-tu? Es tu persuadée qu'à aucun moment tu ne seras tentée d'utiliser "tous" les moyens nécessaires? Je pense simplement que si ton opposition à la torture est uniquement une oppoition de principe, tu pourrais bien, dans une circonstance telle que celle que je décris, faire une entorse à tes principes. En clair, peux-tu bâtir une argumentation contre la torture? <br /> Surprise! La série 24, juste en ce moment, traite de cette question :-)
B
Je commence par te saluer bien bas Mitnick. Cela faisait longtemps que je ne t'avais plus lu. Pour être honnête, c'est par hasard que je me suis retrouvée sur cette page. Et, je dois dire que pour "une fois" le hasard fait bien les choses, n'est-ce pas ?<br /> <br /> Revenons au sujet qui m'intéresse : la torture. Je comprends tout à fait ton point de vue. Il y a là un paradoxe évident entre pragmatisme et Idéal.<br /> Cependant à mener ce type de raisonnement, on pourrait aller plus loin. Pourquoi existe-t-il une Convention de Genève "donnant" les limites à ne pas dépasser en cas de guerre ? La guerre n'est-elle pas fait pour désigner un vainqueur ? Pourquoi, dans cette optique, faire cas de son adversaire qu'on veut de toute façon "écraser" ? Ce serait dire "Ecrasez-le, mais pas trop fort...qu'on puisse l'identifier...".<br /> Et pourtant, je suis d'accord. Devant le pragmatisme, l'Idéal ne doit être effacé. C'est comme dire que parce qu'il y a des guerres, des conflits, on ne devrait plus croire en l'Humanité. Et pourtant si. Il en va de même pour la torture. Il faut respecter l'autre, même terroriste. Car agir comme lui, et avoir pour nous cette justification, ne nous en fait pas moins coupables des actes que nous posons.
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