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3 février 2006

Liberté d'expression?

Les masses musulmanes protestent depuis plusieurs jours à la suite de "caricatures" publiées par un journal "conservateur" danois. L'objet du litige n'est malheureusement pas répercuté dans les journaux français - sauf Libération ce matin et encore timidement - . Le journal France-Soir s'y est risqué au grand dam de son président, limogé par le principal actionnaire du quotidien. Voilà grosso modo pour les faits, qui posent plusieurs questions, et appellent quelques réflexions: d'abord l'emballement médiatique de ces jours surprend quand on connait la génèse de l'affaire. Pourquoi maintenant?

Ensuite l'essentiel des journaux tendent à minimiser les fameuses caricatures. Celles-ci sont décrites comme "plus bêtes que méchantes". Bêtes pour qui? Visiblement, une partie du monde musulman, rejoint par les réprésentants des autres monothéïsmes, les trouvent au contraire plus méchantes que bêtes. Ben oui, fallait y penser!  Par ailleurs: La prétendue bêtise des dites caricatures les rendraient-elles pour autant acceptables par tous? Curieux raisonnement.

La grande majorité des journalistes considèrent que les manifestations auxquelles on assiste posent le problème de la liberté d'expression. Celle-ci serait mise en danger. Elle mériterait donc tout naturellement d'être défendue. Allons-y. Mais alors pourquoi Marc-Edouard Nabe, ou encore Dieudonné ne bénéficient-ils pas de la même sollicitude? Eux qui pourtant, me semble-t-il, n'ont fait l'objet d'aucune condamnation par la justice l'un pour son sktech, l'autre pour ses écrits. La liberté d'expression serait-elle bonne pour certains, en l'occurrence des journalistes, et mauvaise pour d'autres, dès lors que sont exprimées des idées réprouvées par la doxa? Liberté d'expression à géométrie variable, qui en fin de compte apparait davantage comme un outil de pouvoir entre les mains d'une minorité qui fixe les règles du jeu. En l'occurrence du débat.

Sur le fond, je doute que l'affaire aurait eu un impact aussi important si les caricatures émanaient d'une publication musulmane. Ceci interroge. C'est toujours la même histoire: Tomer Sisley peut se permettre un type de blagues qui "passeraient" moins dans la bouche d'un Yves le coq. Dieudonné moquant des noirs choquerait moins qu'un autre.

La liberté d'expression, pour peu qu'elle ait un contenu réel, n'exclut pas le respect.  L'adage populaire qui dit que "ma liberté s'arrête là où commence celle des autres" me semble à cet égard très pertinent. Tout est question de curseur, et surtout,en la matière et sur des sujets aussi délicats, de talent. Il s'agit de savoir jusqu'où ne pas aller trop loin - les bornes étant officiellement fixées par la loi, ce qui est parfois insatisfaisant -. Mais de mon point de vue, la liberté d'expression n'est pas une liberté absolue. L'impertinence, la satire, sont souhaitables. Elles ont leur place dans une démocratie. Mais leur sacralisation me semble contre-productif. J'avoue toutefois que ce débat est très compliqué. Il est malgré tout essentiel.

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