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28 février 2006

Chômeuse

Voilà, c'est fait. J'ai terminé. Ich bin fertig, comme on dit par ici.
Me voici techniquement chômeuse. J'ai regardé la définition de ce mot dans le dictionnaire. Celui-ci énonçait: "Chômeur, euse: Personne au chômage. Demandeur d'emploi". Mais encore? "Chômage: Cessation contrainte de l'activité professionnelle d'une personne, d'une entreprise; période, situation résultant de cet arrêt." Cette fois, c'est sûr, cela correspond tout à fait à ma situation.
Je dois avouer que je me sens ... "contrastée". Dois-je exulter, rire, me plaindre, pleurer? Je ne sais pas. Ma vie d'étudiante est terminée, un tournant majeur pointe et je ne sais qu'en penser. D'aucuns me répondraient: "Dans ce cas, n'y pense pas, et vis ta vie".
Hmm, n'y pense pas et vis ta vie. Pas si simple ma foi. S'annonce une période pour le moins caractérisée de questionnements de toutes sortes, de doutes sur le monde, d'interrogations sur soi-même, et je ne parviens pas -malheureusement ou heureusement- à y échapper.
Je lisais hier le dossier "Génération Low Cost" paru dans le Courrier International de la semaine dernière, qui fait état de la situation des jeunes diplômés européens dans le monde du travail. Le tableau est bien gris. Bardée de tous les diplômes que les recruteurs exigent de futurs cadres d'entreprise, une part non négligeable des jeunes européens de moins de 30 ans reste abonnée aux mille euros le mois. Ont-ils été bernés? Difficile à dire. Entre un retrait encore fantôme du marché du travail des générations du baby boom et un principe "biaisé" selon lequel on accède aux meilleurs postes quand on a les meilleurs diplômes, parvenir à distinguer la vérité du mensonge relève d'une entreprise fort ardue.
Je suis fière et à la fois nostalgique avant l'heure. Fière de me constater diplômée, et nostalgique de cette nonchalante vie d'étudiante dont je ne pourrai plus jouir très bientôt. Je me remémore cette année de stages en entreprise que j'ai eu la chance d'effectuer il n'y a pas longtemps, avec son lot d'urgences, de pression, de recherche quotidienne -horaire même- de la perfection et de la reconnaissance auprès des tiers. Comparée à une vie d'étudiante où tu ne rends de comptes qu'à toi-même et personne d'autres, la vie en entreprise c'est tout simplement Big Brother. D'une vie où c'était la fête tous les soirs sauf deux semaines avant les partiels, tu te retrouves engouffrée dans un monde où tu es scrutée, surveillée, minutée, observée, critiquée, jugée, malmenée, et ce ouvertement ou pas.
Es-tu préparée à vivre 40 longues années de ta vie dans un tel labyrinthe du vice? Tu essaies de te convaincre que tu es une grande fille, que tu peux dès à présent assumer les choses que les adultes assument. Les autres y parviennent, alors pourquoi pas toi? Pourtant tu en es incapable. C'est simple, tout ça n'est pas toi. En tout cas, pas pour l'instant. Non non, toi tu rêves encore d'une vie de cadre propre, rangée, sans rien qui déborde. Tu t'imagines l'indépendance, l'épanouissement, enfin bref, le truc normal quoi, pas plus que ce qu'on te miroite depuis des années finalement.
Il va pourtant falloir que je me tue. J'entends par là que je dise adieu une fois pour toute à cette nonchalance naïve et bien aimée, à cette galère d'étudiante dans laquelle je rampais allègrement et que pourtant j'aimais. Il va falloir que je dise adieu à cette étudiante candide, droite, et que je redonne naissance à une adulte et une femme active ferme, sachant esquiver les coups bas et manier l'hypocrisie comme seuls ceux qui réussissent savent le faire. Dur dur...
Apparemment, ces 24 ans auraient servi à ça, construire une adulte et si possible une femme active. Le gong a sonné. A moi donc de jouer.   

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Commentaires
R
Eh bah Tchim que d'interogations et de craintes. Heureusement pour toi le poète de Matignon dominique galouzeau de villepin a pensé aux gens comme toi et a créé le CPE le contrat Précarité Emploi. Grâce à lui tu pourras te faire virer en moins de deux quand tu seras lassée de ton patron et ce sans indemnités conséquentes.<br /> Peut être aussi que tu seras obligée de cumuler deux emplois (le market en semaine et le mcdo en week-end) pour t'en sortir. Une excellente solution si le statut d'étudiant fait de petits boulots et de kebab te manque tant.<br /> Seul point noir, il ne te reste plus beaucoup de temps pour en profiter: c'est interdit aux plus de 26 ans.<br /> Et avec ça il se trouve des gens pour critiquer galouzeau de villepin qui empoigne à bras le corps le problème du chômage. Tu envisageais d'aller à londres, eh bien plus besoin. La précarité que tu allais y chercher, Dominique te l'offre en france, barrière linguistique en moins.<br /> Si avec tout cela, les jeunes ne votent pas pour lui en 2007, c'est qu'ils n'auront rien compris. Si on était au Cameroun, je lui enverrais bien une motion de soutien.
M
Je te souhaite évidemment de trouver du boulot le plus tôt possible. Une fois que j'ai dit ça, je n'ai évidemment rien dit: quel boulot? Dans quelle boîte? Payée combien - puisque je sais que c'est une question qui te tient, tout à fait légitimement, à coeur :-)? <br /> De manière générale, tout est question d'ambition et de réalisme, deux éléments souvent difficilement conciliables. L'enjeu est pourtant à ce niveau: à quoi aspires-tu? Tes études te permettent-elles d'y prétendre - je caricature un peu évidemment -? Ne faut-il pas, dans des contextes peu favorables, savoir renoncer provisoirement à ses ambitions...? Autant de questions. Car il est évident qu'il ne sert à rien de vouloir faire des fusions-acquisitions dans une grande banque d'affaire si tu - pas toi forcément :-) - n'as pas cumulé HEC et Harvard - encore une fois je caricature, mais l'idée est là... - Je veux dire qu'il est important ni de se surestimer, ni se sous-estimer. Dans le même temps, savoir sentir l'air du temps, de manière à saisir les "bonnes" opportunités: celles qui ne se représenteront peut-être pas, même si elles ne correspondent pas exactement à ce à quoi l'on aspire. Equilibre très difficile à tenir. <br /> Pour finir, je te conseille de n'avoir aucun a priori quant à l'endroit où tu souhaiterais bosser. Aies des préférences, mais sois mobile, pragmatique. Pour le reste, bats-toi; avec un peu de chance, tout se passera bien. En tout cas je te le souhaite.
T
Waouh! Je ne rougis pas, car ça m'est disons un peu difficile, mais c'est tout comme. Je suis toute émue :-)<br /> Thanks to both.
T
Coucou vous,<br /> je vous vouvoie, vous femme active en devenir. Vous qui exprimez de façon si clairvoyante une situation redoutée quoique connue et attendue dans les cas les plus généraux. Vous qui avez déjà le gros avantage d'être consciente du changement en cours, de ce que vous avez été et par là j'entends une étudiante, et ce que vous serez à savoir une femme active avec des objectifs précis.<br /> Vous qui vous attendez à devoir faire face à l'hypocrisie d'un système et de certaines personnes ne reculant devant rien pour parvenir à leur fin. Vous qui vous demandez si tout le temps passé à l'école nous sert à devenir ambitieux, à prendre et à donner des coups afin de s'imposer et de ne pas se faire écraser.<br /> Que des questions pertinentes et démontrant un réalisme quelque peu effrayant et que l'on souhaite parfois oublier ou du moins atténuer.<br /> Vous, vous qui selon moi faites partie de ces personnes qui gèrent leur vie d'une façon tellement rigoureuse et intelligente qu'il est assez effrayant de vous voir vous inquiéter de ce que l'avenir professinnelle vous réserve. <br /> Vous qui allez surement encore faire le bon choix, pour vous rassurez je dirais que c'est juste ce que je pense et que rien n'est sûr mais je ne pense pas être le seul à le penser.<br /> Enfin vous qui ne méritez rien de moins que de réussir non seulement parce que vous vous en êtes donné les moyens (ce qui n'est pas forcément aussi commun qu'on peut le penser) et aussi parce que c'est tout ce qu'on peut souhaiter à un/une ami(e).<br /> Alors à bientôt Mademoiselle Tchim, maybe in GB, maybe in France, who knows? Take care<br /> Holla
B
Alors dans le désordre (comme toujours) :<br /> <br /> Chère Tchim, je te retourne le très gentil compliment que tu m'avais fait concernant mon texte sur les Bronzés : j'aime beaucoup ce que tu écris, les idées que tu développes et la façon dont tu le fais. Alors continue, toi aussi, à poster des textes comme celui-ci !<br /> <br /> Ensuite, je te souhaite pas mal de courage pour cette période à la con (je sais que ça n'est pas très respectueux des grands parents de dire "période à la con" mais bon, hein...) j'y suis aussi et c'est loin d'être marrant !<br /> Enfin d'après ce que j'ai cru comprendre, tu as un cursus en béton armé et de l'expé professionnelle alors je ne m'en fais pas !<br /> J'espère juste que ça ne durera pas trop longtemps pour toi... J'y suis depuis 6 mois (avec une maîtrise en communication et en gros deux ans de stages) et je commence à trouver le temps long...<br /> <br /> Quant au fait de devoir changer en intégrant le monde du travail, je ne suis pas complètement d'accord avec toi... Bon c'est sûr qu'abandonner la vie étudiante c'est dûr ! les soirées toute la semaine, les révisions juste avant les partiels, des responsabilités mais pas trop et puis pas de souci du lendemain ! Le bonheur, quoi !<br /> <br /> Mais intégrer une entreprise pour y bosser "pour de vrai" n'implique pas forcémment l'obligation de changer pour rentrer dans un moule productiviste.<br /> J'ai eu pour ma part la chance d'intégrer pour un stage de 10 mois au service Marketing Communication de NEC Computers... Eh ben je souhaite à tout le monde de bosser dans une telle ambiance ! On a, par exemple, défilé déguisés dans les couloirs pour le mardi gras, on a organisé des concours de ping-pong dans les locaux, on a fait des pique-niques, on a pourri des bureaux (en les recouvrant de scellophane, de post-it ou encore de journal), on s'est pris des cuites retentissantes, etc.<br /> Et ce, avec TOUS les membres du Marcom (dont les âges variaient de 23 à 47 ans). Bref, c'était énorme. <br /> A côté de ça, il fallait évidemment bosser. Beaucoup.<br /> Mais ça ne nous empechait pas d'être nous-même et d'enchainer les conneries !<br /> <br /> Bon. <br /> C'est sûr que ça n'arrive pas tous les jours de trouver une équipe et une ambiance de travail pareille. <br /> Mais c'est tout le mal que je te souhaite !
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