Ten Canoes
Un ingrédient que j'aime particulièrement dans les films: l'authenticité. Je suis allée voir il y a deux jours Ten Canoes, une très bonne production australienne racontant le quotidien des aborigènes d'Australie. Ce film est inconstestablement un chantre de l'authenticité dans le cinéma.
Le narrateur séduit d'entrée de jeu avec son accent exotique et son humour sain. Son objectif est de nous raconter une histoire simple, une fable, dont le sujet principal est la relation hommes-femmes, comme il en existe depuis des éternités. Mais le narrateur sait que son histoire va intéresser l'auditeur. Pourquoi? Parce qu'elle est particulière. Son contexte: l'Australie, non pas la moderne Australie très développée et très industrialisée, mais celle des Aborigènes, plus en retrait, moins exposée. Plus différente aussi, je dirais même à l'opposé de nos modes de vie occidentaux.
Personnellement -et c'est sans doute ce qui fait toute l'énigmatique des peuples aborigènes ou des peuples pigmées-, ce film m'a donné l'impression de voir une histoire ancienne, vécue il y a plusieurs siècles. Très régulièrement me fallait-il me rappeler que cette histoire est bel est bien actuelle, elle s'est passée il n'y a pas si longtemps, se passe en ce moment et se passera demain; dans ce même contexte, ce même environnement verdoyant, vierge de toute cimentatisation, de tout bulldozer, mais aussi vierge de toute industrialisation, de toute avancée technologique.
C'est assez fascinant comme, grâce au film, on peut se rendre compte que le progrès social est asymétrique du progrès économique, lui-même asymétrique du progrès technique. L'organisation sociale a existé de tout temps et force est de constater qu'elle est un élément nécessaire à la survie d'une communauté ou d'un peuple. La hiérarchie, si contestable qu'elle puisse être parfois, est néanmoins vitale. Le film nous le démontre d'une manière très simple, très authentique. J'aime beaucoup.