L'argent...

A titre personnel, la question - comment devrais-je considérer l'argent?- du rapport à l'argent m'a toujours interpellé. Je trouve, sans doute suis-je absolument naïf , que l'argent occupe beaucoup trop de place dans la vie des hommes en général. Combien de fois pensons nous, chaque jour, directement ou indirectement à l'argent? Il n'est pas ici question de nier l'importance - certaine - de l'argent, ni de me lancer dans une critique de la place qu'occupe l'argent dans l'organisation, le fonctionnement de nos sociétés. Mais seulement d'interroger notre façon d'approcher cette réalité, - la réalité de l'argent - de l'appréhender. Pour être clair et direct, je trouve que trop de personnes entretiennent avec l'argent un rapport détestable: ils l'aiment. Oui, ils "aiment" l'argent, l'idée d'en posséder, éventuellement celle de l'exhiber, plus ou moins subtilement. Ils apprécient la déférence que suscite chez la plupart des individus le sentiment que tel ou tel personne " a de l'argent"; une déférence envieuse, une envie déférente, comme vous voudrez. Une considération à priori et à moindre frais, une gloriole. L'argent, à tort ou à raison, impressionne. En la matière, "nous" sommes tous logés à la même enseigne: riches, pauvres, "intellectuels", .... L'argent "nous" fascine. De là découle la question suivante: pourquoi êtes-vous - sommes nous - fascinés, impressionnés par l'argent? encore une fois indépendamment de "notre" éducation, de "nos" diplômes, de "nos" origines...D'où vient-il que la très grande majorité des "gens" n'aspirent à gagner de l'argent que - en définitive - pour le mieux montrer ( encore une fois plus ou moins subtilement ), pour lire dans le regard de leurs concitoyens toute l'admiration qui leur est témoignée. Sartre - encore et toujours lui, que j'adore - nous apprenait qu'on "est juif dans le regard de l'autre"; de la même façon, je dirais qu'on est riche dans le regard de l'autre. En clair, comme souvent, tout est affaire de "regard"; la "richesse" en elle même n'existe pas, d'une certaine façon la "pauvreté" non plus; ces réalités ne prennent corps qu'à travers le prisme de nos "regards". Est "riche" celui dont "nous" décidons - selon nos critères - qu'il est "riche" A ce propos, l'un des problèmes est précisément que lesdits critères se résument généralement à une affaire d'argent. D'autre part, d'où vient-il que la richesse est spontanément associée à l'argent. Tout le monde "veut" être riche: qu'est-ce à dire? posséder une "grosse" voiture, une "grande" maison, fumer un cigare,...Evidemment cette question du "regard" est consubstantielle à celle, plus globale, de l'apparence. Si l'on n'est pas réellement "riche" selon les critères précités, il est encore temps de le paraître, histoire précisément d'influer, ou devrais-je dire de duper, le regard de notre voisin. L'important, pour beaucoup, étant qu'on les croie "riche", c'est-à-dire ayant de l'argent. Le plus amusant est peut-être, outre l'attitude des nouveaux riches voulant s'adapter à leur nouveau statut,  la gêne de ceux - très nombreux en France car ce pays n'aiment pas les "riches" - qui se sentent - ou plus exactement font semblant de sentir - coupables d'avoir de l'argent. Ou alors ceux - également très nombreux - dont le discours, d'apparence "modeste" est en décalage avec la réalité de leur quotidien. La vérité est que peu de personnes sont au clair avec cette question.  j'aurais tendance à "respecter" davantage ceux qui assument clairement leur "amour" de l'argent. Pour ma part, j'éprouve, pour l'argent, un mépris respectueux. Mépris qui est le corollaire de l'importance démésurée que "les" - beaucoup d'hommes - hommes accordent à ce moyen. Mépris qui exprime le rejet - viscéral - des sentiments et attitudes ineptes que provoque cette "chose" chez la plupart des individus. Mais respect car, pour moi, l'argent a une seule vertu, et non des moindres: il rend libre. En fin de compte, je ne puis m'empêcher d'éprouver un certain dédain - plus ou affectueux selon les gens - pour ceux qui accordent trop d'importance à l'argent...