Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
THE BLOG
Archives
9 juin 2005

Sacré Villepin...

Villepin est paraît-il brillant. Il l'est sûrement selon les critères français; critères pour le moins contestable, mais bon... Ce qui, en revanche, à mes yeux, ne fait aucun doute, c'est qu'il est élégant, flamboyant, lyrique, éventuellement - accordons le lui - "beau". J'ai écouté les extraits de son discours de politique générale avec des oreilles a-fri-caines, et tant mieux. Je n'ai donc pu m'empêcher d'avoir en tête les premières phrases de l'excellent livre de Patrick de St-Exupéry sur le Rwanda, intitulé L' inavouable . je vous les livre. Comme moi, ne vous faites aucune illusion, d'un certain point de vue évidemment, sur ce....type.

Ce livre est mon histoire. Mais ce n'est pas seulement mon histoire. C'est aussi l'histoire d'un génocide. Une histoire française, une histoire africaine, une histoire d'empire. Une histoire d'une cruauté sans fond, d'une violence extrême. Si extrême que vous ne l'imaginez pas. Pas encore.

Ce livre n'aurait jamais dû voir le jour. Voici bientôt quatre ans que je vis à Moscou, un univers tout en ombres à des lieues des visages de la France et des couleurs de l'Afrique. En ces terres russes, immenses et glacées, je croyais avoir oublié mon histoire. C'était faux. Il a suffi de quelques mots pour comprendre à quel point j'avais pu me tromper. Ce fut comme une déchirure. Soudaine, brutale et totalement inattendue. D'un coup, en dépit de dix longues années, la plaie s'est rouverte, aussi douloureuse qu'au premier jour.

Je fus témoin et vis ce que nul ne souhaite voir. Cela s'est passé en 1994, dans un pays qui s'appelle le RWANDA et fut le théâtre d'un génocide. Ce mot ne vous parle peut-être pas. Sachez qu'il désigne l'abjection, la totale négation de notre condition d'homme. Imaginez-vous privé de toute humanité. Représentez-vous en train de tuer vos propres enfants au nom d'une idée. Voilà ce qu'est un crime de génocide.

En 1994, ce crime se produisit au RWANDA. Avec l'assentiment des plus hautes autorités françaises. Voilà ma déchirure. Quant aux mots qui la ravivèrent à dix ans et des milliers de kilomètres d'écart, ils furent prononcés en septembre 2003 par notre ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. Bloqué dans un embouteillage moscovite, j'avais ce jour-là allumé la radio. Il pleuvait. Monsieur de Villepin parlait sur Radio France Interntionale. Au détour d'une phrase, il mentionna " les génocides" rwandais. Ce pluriel n'a l'air de rien, mais il est terrible. Il m'a tétanisé.

Rentré chez moi, je brûlais. Les froides lumières des trois gares de Komsomolskaya se découpaient au loin. Dans la nuit de MOSCOU, dans cette nuit rwandaise où Dominique de Villepin venait de me replonger, je me suis mis à écrire une lettre. Elle fut le point de départ de ce livre. La voici: ...

Le visage - de mes yeux d'africain - de la France est aujourd'hui celui-là. Je suis très tranquille, mais je sais...

Publicité
Commentaires
THE BLOG
Publicité
Derniers commentaires
Publicité