Fragilité.

C'est assez amusant de remarquer à quel point la frontière entre des éléments apparemment radicalement opposés est  en fait ténue. C'est le cas, par exemple, du bien et du mal. C'est aussi le cas de la gloire et de la déchéance - on peut trouver plein d'autres exemples -. Ce dernier cas m'intéresse tout particulièrement. Ce qui détermine tel statut ou tel autre opposé au premier, ce qui vous place du bon côté de la barrière, ce qui vous attire sympathie, admiration, respect, ce qui vous "héroïse", est parfois "peu" de choses. Ce "peu" est cependant essentiel. Son absence eut en effet signifié échec, marginalisation, ostracisme, moqueries, décadence. Les héros et les loosers sont parfois très proches, comme des jumeaux. Par conséquent, il faut toujours, en tout cas autant que possible, relativiser, faire preuve d'humilité, de distance vis-à-vis des choses, même les plus "importantes". Il faut avoir conscience de la relativité des sentiments et des attitudes humaines...

Comments

[Barbudo]

Tout à fait d'accord avec toi, mon cher Mitnick !
Il est à la fois étonnant et flippant de contaster à quel point est mince la frontière qui sépare deux opposés...
Mais si je te rejoins sur l'importance de relativiser et de faire preuve d'humilité, il faut aussi prendre en compte le fait que parfois, le passage du bien au mal (pour aller au plus court) peut aussi être le fait des autres.
Dans tous les cas, comme je le disais à Tchim il y a quelques semaines (ou mois ?) dommage que mon prof de philo ne vous ait pas connu... Il aurait eu à avaler moins de Prozac avec vous dans sa classe !

[bobonne]

C'est bizarre que tu parles de relativiser les choses... C'est généralement ce qu'on dit à une personne face à un échec : "...relativise, ce n'est pas si grave"...
Tu remarqueras ceci : que cela soit dans la gloire ou dans la déchéance, il est rarement difficile de relativiser. Pour l'un, parce qu'on est pris dans le vertige de la réussite et que l'autre côté de la frontière disparaît sous la horde de félicitations, d'admiration... Prendre de la distance face à ces réactions non seulement devient un parcours du combattant, mais peut être mal compris par les fans, les gens qui t'entourent et assimilé à un comportement méprisant et arrogant.
Relativiser pour l'autre parce que l'échec est la preuve (du moins le pense-t-on à l'instant t) de notre nullité.

Alors je suis d'accord avec toi, la frontière est ténue entre le bien et le mal, l'amour et la haine, l'ami et l'ennemi. Mais relativiser est un exercice bien difficile...