Hotel Rwanda
Je me suis essayé il y a quelques semaines à une critique du film "Hotel Rwanda" que j'aimerais vous faire partager. Pour ceux qui ont eu l'occasion de voir ce film, je vous invite à "critiquer la critique". Pour les autres, n'hésitez pas à faire les remarques que vous voudrez. Cela ne vous dispense bien entendu pas à aller voir cette oeuvre.
Quelques vibrations émotionnelles à l’annonce de la sortie du film quelques jours plus tard. Les natifs de ces 2 pays limitrophes, ayant la chance (ou la malchance) de pouvoir profiter du cinéma grand écran à l’occidental, ne peuvent manquer l’occasion rare de voir retransmise leur histoire au grand public. Tout Africain a envie d’exprimer un « ENFIN !! » , s’il se sent un minimum concerné par ce qui fut l’un des plus monstrueux génocides de ces 50 dernières années.
L’émotion est forte dans les cœurs de ces natifs qui assistent à ce qui leur est arrivé… à ce qui leur arrive. Le passé redevient présent au moment où à l’écran ils redécouvrent les corps mutilés de leurs proches et moins proches. Pleurs.
Au risque que la critique soit inconvenante face à cette douleur, je m’y essaye.
Hotel Rwanda est un film que je qualifierais de « propre ». Le réalisateur Terry Georges a pris soin de prendre une situation particulière, inspirée d’une histoire vraie, parmi tant d’autres pour nous faire redécouvrir ce que fut le quotidien des 2 communautés Hutu et Tutsi durant le génocide. Du particulier très vite nous en déduirons le général…
« Propre » aussi parce que les faits sont relatés très fidèlement. Les responsabilités des diverses parties (milices Interahamwe Hutus, puissances occidentales, gouvernement rwandais, ONU, médias, etc.) n’ont pas besoin des sempiternelles scènes extraordinaires de massacres et de barbarie à l’hollywoodienne pour se voir assumées. Quelques échanges légers entre les différents personnages, quelques clichés attestant de l’horreur auront suffi à rendre toute son honnêteté au film et toute son authenticité au génocide.
« Propre » enfin dans la mesure où l’Africain qui a l’habitude de se plaindre de la mauvaise presse dont pâtit l’Afrique en général, avec son lot de misère, de pauvreté, de maladies et autres, se réjouit de voir dans ce film un exemple où se confondent esprit entrepreneurial, réussite professionnelle, paysages somptueux, lieu privilégié de tourisme.
Pourtant, -et c’est bien la difficulté de toute oeuvre d’art que de pouvoir retranscrire l’intégralité- plusieurs protagonistes avérés du génocide du Rwanda ne sont pas évoqués dans ce film. Pour exemples, la question de l’implication de l’Eglise catholique dans les massacres ou l’initiation à la catégorisation des races et ethnies par la France et la Belgique quelques décennies plus tôt sont deux thèmes hautement importants qui furent éludés. Peut-être était-ce pour le réalisateur un souci de ne pas s’engager dans plusieurs problématiques à la fois au risque de se fourvoyer.
Pour terminer cet essai de critique, je n’oublierai pas de féliciter Don Cheadle et Sophie Okonedo, dont les nominations aux Oscar sont pleinement justifiées pour leurs prestations respectives dans les rôles de Paul Rusesabagina, le directeur de l’Hôtel des Milles Collines, et sa femme Tatiana.