pique-nique bicéphale
Pourquoi ne pas penser - afin "penser", disons "interroger" - des évènements aussi mineurs - d'apparence en tout cas - qu'un pique-nique? Après tout, sur le papier, un pique-nique est tout ce qu'il y'a de plus convivial, chaleureux, fédérateur... Le problème, précisément, est que tout ceci est théorique. Et, comme dans bien des cas, le passage de la théorie à la "pratique" est loin d'être évident.
Première remarque, j'ai l'honneur d'être convié à un pique-nique bicéphale. L'épithète est d'importance car il induit, d'emblée, et à priori, un nombre de personnes plus important. Pour ceux qui comprennent mal, il parait évident qu'un pique-nique organisé par deux individus réunira plus de monde que s'il l'est par une personne seule...De là se pose, à mon sens, la question du sens du pique-nique au regard du nombre d'invités. Je ne suis en rien spécialiste de la chose, mais il me semble qu'un pique-nique n'a de réel intérêt que pour sa force cohésive. Or comment procéder dans ce cas, car ladite cohésion ne sera en rien naturelle. Alors j'entends déjà les remarques, " mais oui, mais le problème serait le même dans le cas d'un pique-nique organisé par une seule personne vu que les personnes invitées ne se connaitraient pas forcément" Certes, il serait fondamentalement le même, mais à une nuance près, à mon sens, de taille: le nombre d'invités compliquera davantage les choses...En outre, des personnes inconnues et réunies pour un pique-nique ont malgré tout pour dénominateur commun leur "hôte"; ce détail ne me paraît pas anodin, car il oblige. Je prétends que dans le cas d'un pique-nique bicéphale, la confusion diminue la force - fédératrice - de cette propriété. Disons qu'elle dés-oblige...
Deuxième - et me semble t'il dernière - remarque, également d'importance à mes yeux: le cadre dans lequel se déroule généralement un pique-nique est à mes yeux un deuxième facteur dés-obligeant. En effet, dans un espace clos, les convives, même et surtout inconsciemment, se sentent obligées d'établir du lien ( sauf dans le cas de parfaits asociaux, comme moi, malheureusement...). En revanche, le plein air, l'air du large, est propice à un recroquevillement paresseux (ceci concerne les personnes,largement majoritaires, qui ne partagent pas la même névrose que moi...): il fait "beau", on est en plein air, les vacances, l'été, pourquoi se forcer, hein? ( allez, tout le monde dedans, pour créer du lien :-) ).
Bon allez, arrêtons tout catastrophisme, et gageons que tout se passera bien, du moins dans une certaine mesure! :-) Imaginez, même moi j'ai l'intention - je dis bien l'intention - de créer du lien, alors tout ira forcément bien...