la Famille?
Ne peut-on pas s'interroger sur la pertinence du concept de "Famille" tel que généralement admis? Par "Famille" j'entends certes la première cellule - père, mère, enfants - mais aussi le premier cercle élargi aux cousins germains, oncles, tantes, ...Cette famille là est évidemment essentielle, même si son importance varie selon les sociétés: en Afrique elle a un poids considérable, quand en Occident - dans sa majeure partie en tout cas -, son importance est relative; en tout cas moindre qu'en Afrique. Quoiqu'il en soit, à quelques exceptions près, la famille est généralement considérée - dans l'inconscient collectif, d'où le problème d'ailleurs - comme un espace de solidarité, de respect, d'entraide... Toutes valeurs qui ont tendance à s'étioler dans nos sociétés. Les liens qui unissent les membres d'une même Famille sont censés, par le seul fait de leur réalité, fonder une relation particulière entre ceux-ci. Ces liens magnifieraient en quelque sorte la relation. Ils seraient automatiquement, irréversiblement, vecteurs de valeurs; valeurs forcément "supérieures". Je précise d'emblée que la "machine Famille" fonctionne de manière "acceptable" dans bien des cas. Toutefois, indépendamment de ceux-ci et de manière générale, le concept de Famille tel que communément admis me semble reposer sur une imposture fondamentale, largement source de malentendus: la famille s'auto-engendrerait. Elle irait de soi. Les valeurs qu'elle est censée véhiculer seraient naturelles, évidentes, comme incorporées dans le programme génétique de chaque nouveau membre. Or ceci est évident faux. Une famille n'est, à la base, ni plus ni moins qu'une association aléatoire d'individus. Ceci implique que loin d'être l'émanation de la Providence, elle doit être suscitée, engendrée. Ses liens doivent être patiemment et correctement tissés. Dès lors, elle exciperait en quelque sorte des liens objectifs entre ses membres pour fonder une relation particulière, singulière. La fameuse "imposture" de la famille est en définitive qu'elle surestime la pertinence de ces liens objectifs; elle en fait un élément central, fondateur par essence: que deux frères soient nés des mêmes parents fait forcément d'eux des êtres indéfectiblement unis... Or force est de constater que des liens subjectifs, comme des liens d'amitié, ont parfois - heureusement ou malheureusement, c'est selon - davantage de puissance que des liens objectifs; peut-être précisément parce qu'ils ne sont portés par aucun à priori, ils sont tissés avec plus de hargne, plus d'envie. Liens objectis, liens subjectifs, notre véritable - non pas unique, mais véritable - famille serait-elle nos Amis? ...Faut-il prendre le problème sous cet angle?...